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École Normale d'Instituteurs d'Alger-Bouzaréa

en Alger il y a cinquante ans et des poussières

Ces pages sont plus spécialement dédiées aux promotions d'élèves-maîtres 57-61 et 58-62, les deux dernières de l'histoire à avoir accompli l'intégralité de leurs quatre années de scolarité en Algérie française.


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le 7 juin 2006

Promotion 58-62
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Il était une fois une ville toute blanche qu'on appelait Alger, blottie comme une colombe au fond d'une large baie de turquoise semée de paillettes d'argent qu'un soleil généreux accrochait à la moindre vaguelette.
---Comme toutes les villes de légende, Rome, Paris, Byzance... Alger s'étageait au flanc de quelques collines. Oh, pas bien hautes ! Celle qui se donnait les plus grands airs s'appelait Bouzaréa et l'une des avenues de la ville portait même son nom. La mémoire s'est un peu perdue de l'origine de ce joli nom arabe mais un vieux maître disait autrefois qu'il signifiait "embrasse le vent" car la hauteur de la colline - bien que modeste - exposait son sommet au moindre souffle rafraichissant venu de la Méditerranée comme à l'haleine brûlante du lointain Sahara.
---Du côté de la ville, les pentes de Bouzaréa glissaient jusqu'à la mer, piquées d'une basilique majestueuse et d'un grand cimetière impuissant à attrister le moins du monde cette joyeuse dégringolade.
---Sur une autre de ses pentes, invisible depuis Alger, un petit village paisible s'était niché au creux d'un vallon de verdure. Il s'appelait Air de France et un jour, aux temps des fées, un grand oiseau blanc s'y était posé. Il avait fait son nid sur un petit promontoire et s'y était tellement plu qu'il y était resté pour toujours, ses grandes ailes blanches étendues au soleil.
---Alors...

Alors ?... eh bien la suite vous l'apprendrez en feuilletant ces quelques pages.

Oh il n'y en a pas beaucoup, le ouaibmaster est bien trop paresseux. Mais elles suffiront pour vous apprendre comment, un beau jour d'octobre d'il y a longtemps, la vie d'une soixantaine de garçons a basculé sans qu'ils en aient vraiment conscience, comment ces jeunes gens à peine sortis de l'enfance croyaient entamer ce jour-là une simple étape sur le chemin de leur existence sans imaginer la place que ces quelques années allaient occuper dans leur mémoire et dans leur cœur tout au long de leur vie.

Car c'est bien là le miracle de notre vieille école !
---Peux-tu croire, visiteur inconnu, que ces garçons qui sont devenus des hommes, des pères, des grands-pères, qui ont vécu l'exode de leur terre natale, qui ont accompli chacun de leur côté leur propre parcours professionnel, qui ont connu l'amour, la peine, la joie, le deuil, qu'un destin brutal a séparé voilà plus de quarante ans, qui se sont totalement perdus de vue... peux-tu croire qu'une telle flamme brûlait en eux ? une telle soif de se revoir qu'ils ont fini par vaincre le temps et l'espace pour se retrouver et redevenir les amis qu'au fond ils n'avaient jamais cessé d'être.

Aujourd'hui, c'est chose faite.
---Grâce à l'opiniâtreté de quelques-uns, bien aidés des nouvelles techniques de recherche et de communication, un premier noyau d'anciens de Bouzaréa s'est réuni pour la première fois à Sanary sur mer en 1988, vingt-six ans après leur séparation. Le mouvement était amorcé et n'allait cesser de s'amplifier.

En juin 2006, au moment où je rédige ces lignes, les "anciens de Bouza" se sont retrouvés en réunion nationale un peu partout en France à une quinzaine de reprises et l'on ne compte plus les mini-réunions régionales organisées à la moindre occasion : passage à Paris d'un "provincial", concert de jazz de Jean-Jacques Martimort (promo 57), salon ou exposition, conférence du grand archéologue et dessinateur Jean-Claude Golvin (promo 58)... tous les pretextes sont bons et saisis au vol.

Mais il y a mieux !

Les "CALAMARS", champions toutes catégories du courrier électronique !

Alors bien sûr, vous me direz que les associations de pieds-noirs ne manquent pas, qu'elles organisent toutes des réunions annuelles et que leurs adhérents gardent le contact. C'est d'accord.

Mais connaissez vous beaucoup d'associations dont les membres poussent la fureur de communiquer jusqu'à échanger une moyenne quotidienne de trente à quarante messages, avec des pics dépassant la centaine de messages pour une même journée ?

C'est pourtant l'exploit que réalisent depuis plusieurs années les "Calamars", un groupe d'une bonne vingtaine d'anciens de l'École Normale de Bouzaréa, principalement des promotions 57 et 58.
---Tout avait commencé par une correspondance ordinaire, et puis un jour, on ne sait pas vraiment pourquoi, l'explosion, le maelström... au point que bon nombre de nos camarades renoncèrent à suivre ce rythme. Comme pour un certain village gaulois, un noyau d'irréductibles résista et résiste toujours. Peu à peu, le groupe se structura, chacun y jouant plus ou moins malgré lui un rôle bien défini. Puis ces doux dingues s'inventèrent une hiérarchie pour rire et finirent par adopter un nom : les Calamars !
---Il est très difficile à un nouveau venu de monter en marche dans le train délirant de ces céphalopodes déglingués et les deux ou trois derniers à y être parvenus ont sué sang et eau pour ne pas renoncer.
---Voulez-vous un chiffre récent ? mes propres archives contiennent plus de 1300 messages des Calamars pour le seul mois de mai 2006 !!!
---J'en ai pourtant détruit beaucoup dès leur arrivée et je ne compte pas mes propres réponses.

Qui dit mieux ?

Que peuvent bien avoir à se dire à longueur de journée ces forçats du clavier ?
---On parle de tout et de rien (surtout de rien) : photo, musique, informatique, gastronomie, que sais-je... moins de souvenirs qu'on pourrait croire ; à quoi bon puisque nous avons tous les mêmes ? Les échanges se font toujours en commun : tout le monde est destinataire. Ainsi chacun peut intervenir sur un sujet qui ne le concernait pas et la machine à parler pour ne rien dire repart de plus belle. Certains messages sont très longs, d'autres n'ont que trois mots qui répondent à une question vieille de deux jours et déjà perdue de vue. Alors personne n'y comprend rien mais dans le fond tout le monde s'en fout. On délire, on déconne comme les mômes que nous étions il y a cinquante ans et ça nous fait du bien.
---Cette fureur de communiquer a une conséquence inattendue et peut être unique dans le monde de l'imelle : par souci de ne pas inquiéter les autres par un silence inhabituel, chacun les avertit de la moindre de ses absences ou du plus banal détail qui va l'empêcher de communiquer ne serait-ce qu'une demi-journée. Ainsi, les calamars savent au jour le jour où est qui et que fait qui, qu'aujourd'hui Doudou taille ses rosiers, qu'Henry-Robert sort avec son club 203 Peugeot, que je chante avec ma chorale, que Geo de Rouiba est à la pêche, que Sylvette nettoie ses carreaux ou que Nathalie connait quelques soucis de santé (eh oui... nous avons quelques "calamardes").
---Cet aspect particulier des choses apparente notre folle correspondance à une sorte de vie en commun et il semble que nous en ayons besoin. Pourquoi ?... peu importe ! c'est comme ça et puis c'est tout.

Je m'aperçois en relisant la fin du paragraphe précédent que je joue les autruches. Comme si je ne savais pas pourquoi les calamars - et avec eux tous les pieds-noirs - tiennent tant à communiquer, à se retrouver et à parler du "pays" !
---Inutile de nous leurrer ! nous sommes une espèce en voie de disparition. Nos enfants nés en France connaissent notre histoire mais ne l'ont pas vécue. Quant à nos petits-enfants, le monde déshumanisé qu'on leur prépare et où ils devront se battre pour survivre leur laissera peu de temps pour se préoccuper de ce que fut la vie de leurs grands-parents.

Voilà sans doute la vraie raison pour laquelle nous avons besoin de rester en contact, de parler, de rire, de cultiver notre accent et nos expressions, d'évoquer la mouna, la soubressade, les vacances à Courbet-Marine, les bains "en bas la mer", les Galeries de France, Santa Cruz, les brochettes de Fort de l'eau, les petits ânes du square Bresson, le soleil de Tlemcen, les bals populaires, les corsos fleuris, les arcades de la rue Bab-Azoun, nos morts, nos écoles...
---Nous savons que nous sommes les derniers détenteurs de la mémoire vivante de l'Algérie française. Voilà pourquoi nous nous resserrons comme toutes les communautés d'exilés.
---Car le temps nous est compté. Lorsque le dernier d'entre-nous s'éteindra, alors disparaitra de la surface du globe jusqu'au souvenir de ce que fut réellement cette époque et la voie sera enfin libre pour le mensonge et la calomnie.

Ça a déjà bien commencé.

Réunion annuelle. Cuvée 2000 : Collioure et Port Vendres

Soirée parisienne du 21 novembre 2001

Soirée parisienne du 7 février 2003

Déjeuner parisien du 11 novembre 2003

Soirée couscous du 27 novembre 2004

Georges Bouanna Superstar

Retour au pays (Alger, septembre 2005)

Histoire de statue (le Duc d'Orléans de la place du Gouvernement)

Les sites des copains

ENIB 1865-1962 (Édouard "Doudou" Pons)

Bouzaréa (Richard Chéron)

École Normale d'Institutrices de Ben Aknoun (Sylvette Leblanc)

La petite galerie de Roger Joseph Lévy

(pardon de ne pas pouvoir les citer tous)

Chapitre 19 de mon livre "Je suis né très jeune" (inédit)

Un webdomadaire satyrique de Roro de Bab-el-Oued paressant le samedi

Prochainement sur cet écran :

Vidéo réalisée à partir de films 8mm tournés par J.F.Caratini à Bouzaréa-même vers 1960.